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Ruelle

by Yohann Francoz

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1.
Un de ces dimanches, je te donnerai mon coeur Je sentirai un spasme, une douleur Sous la carcasse, un changement d'couleur Le ding-ding d'la cloche dira qu'c'est l'heure Mon barrage explosera sous la candeur Je m'imagine bien, couché sur le divan Avec toi qui respire doucement Tu me regardes dans les yeux tendrement Un évènement se produit soudainement Qui défie les lois de l'entendement Dans futur embrumé Sous un écran de fumée Un dénouement irréel attend au coin Nos bouches et nos corps, abimés par l'usage Seront moisis, auront subi l'outrage Des années folles vécues sur les nuages Des plaies et bosses issues de mille naufrages Des errements sans aucune forme d'ancrage Puis l'heure viendra comme un printemps nouveau Où, d'un coup, se dressera tout droit mon dos Où coulera sur nous une vive eau Qui dégèlera le contact de nos peaux Qui huilera la jointure de nos os Dans une approximation De la grande direction Où se dirigent les choses, un peu plus loin Une chose est certaine, c'est que je suis largué Après avoir pendant plusieurs années Prétendu être au poste pour naviguer Je me suis mangé une sacré volée Et je vois encore des étoiles filer Plus rien ne m'étonne, pas même les caresses Que l'on me prodiguera sur les fesses Je me défendrai contre la tendresse Comme un microbe se bat contre l'homme qu'il blesse Mon corps m'échappe, il me fuit, S.O.S Dans un futur embrumé Sous un écran de fumée Un dénouement irréel attend au coin Dans une approximation De la grande direction Où se dirigent les choses, un peu plus loin
2.
L'Économie 05:49
Arrête de me parler de l'économie L'économie des mélodies Arrête me parler de l'économie L'économie des idées Je vais te prendre par les pieds Et donner la fessée Je me dois de te la couper Ta petite main dorée Qui affermit sa poignée Sur notre vie en société Pour lui forcer à stopper Sa course vers l'éternité Refrain: J'ai fait un tour dans la section interdite De la bibliothèque des réflexions J'ai mis la main sur une jolie pépite De l'architecture de la nature, nature humaine, ouais ouais ouais Un bâtiment dont on ne parle que doucement Usine d'extase dont j'userai à gogo J'ai pris mon temps je l'ai construite lentement Quand j'y mets les pieds, je prends bien soin d'être secret, ouais ouais ouais Arrête de me parler de l'intelligence L'intelligence artificielle Si tu ne veux pas voir notre beau petit monde Exploser en feux d'artifices Je vais te prendre par la clé Ouais, par la clé USB Et te tremper dans mon café Pour te voir court-circuiter Progressivement te noyer Dans ton liquide opiacé Tu es un méchant fieffé Tu mérites une bonne fessée Refrain Solo Refrain X 2
3.
Tempête 04:26
Libre comme une ronce dans un buisson de framboises L'air, l'air qui pique vient toucher ton visage Dans tes veines le sang tourbillonne à t'en étourdir Tu respires un coup, et tu te prépares à partir Un coup d'pied dans la porte, celle-ci vole en éclat Cette chance ne reviendra certainement pas deux fois Tu te mets à courir, partout résonnent tes pas Le décor urbain se diffuse autour de toi Ton poids, ta lourdeur et ta douleur crânienne S'estompent et disparaissent, comme si tombaient tes chaînes Ton cri, ta vitesse, te font quitter la Terre Jamais, plus jamais, tu ne regardera derrière Oui, la pluie et tes larmes ruissellent et nettoient enfin ton regard Vois la nouvelle fresque qui se montre enfin devant tes deux globes oculaires Des mots, ce n'sont que simplement des mots Forte est ton espérance, tes poumons se remplissent d'air Souffle, souffle, gonfle, fais enfler ton poème L'ouragan se lève, résonne violemment le thème L'immense palais de marbre commence à pivoter Comme une girouette folle, se met à virevoleter L'énorme organe de vent, féroce et déchaîné Rugit, montre ses dents, occupe le ciel entier Partout sur la Terre les yeux scrutent la tempête Curieuse, puis affolée, la populace s'inquiète Mais toi, tu connais, la paix règne dans ta tête Tes nerfs sont en feu, tu sais ce qui, après, nous guette Oui, la pluie et tes larmes ruissellent et nettoient enfin ton regard Vois la nouvelle fresque qui se montre enfin devant tes deux globes oculaires
4.
Je suis peut-être jaloux Ou bien vraisemblablement le boudeur le plus têtu des sociables Et mes yeux veulent rester envieux J'aimerais, comme un espion Posséder le corps d'un des souriants vivants Et danser, aimer, depuis une autre vie Seulement, voilà Les chemins de fer de nos histoires Sont précis, définis, pas de dégradé Refrain: Tchou tchou ah, tchou tchou ah Le train a une destination très claire Tchou tchou ah, tchou tchou ah, tchou tchou ah, le train Tchou tchou ah, tchou tchou ah Le train a une destination trop claire Tchou tchou ah, tchou tchou ah, tchou tchou ah, le train J'aime la couleur des champs Et des forêts qu'on voit défiler à toute vitesse Que jamais je n'pourrai traverser à pied En passant par une vallée Une locomotive vermillon a roulé près de moi J'ai à peine eu le temps d'envoyer la main Parce que voilà Les chemins de fer de nos histoires Sont précis, définis, pas de dégradé Refrain Quand je te prends dans mes bras Doucement, je me glisse sur tes rails Et je chuchote dans ton ouïe: ''Tchou tchou ah, le train'' Et si tu me dis: ''Tais-toi'' Doucement, je glisse mes mains derrière toi Et je dessine dans ton dos tchou tchou ah, le train
5.
Anti-corps 04:12
Quand tu m'as conté ton histoire, j'ai avalé croche Surpris, je découvrais qu'on pouvait aussi profond souffir Encore ouvertes, tes plaies étaient gorgées d'acide Si bienfaisant m'espérait, pourtant je n'ai pas su comprendre Comment étancher une hémorragie si étrange à voir Puisses-tu y arriver Un charlatan malicieux était passé par là avant Il avait versé sur toi un elixir des plus minables Dont les vapeurs malfaisantes agissaient sur tes forces Persuadaient tes anti-corps de s'attaquer à ton esprit Prenaient en otage la tour de contrôle pour y orchestrer Des frappes masochistes Non contente de te saigner tu avais fait appel À un groupe d'étrangers pour spécialement t'encourager Allez, ma jolie petite, casse-toi une jambe Coupe les doigts de tes pieds et perce la paume de tes mains Sous ses cris immondes, tu obéissait, tu aimais souffrir C'était bon pour toi Moi je suis passé par là avec l'âme curieuse J'ai choisi de m'arrêter en paparazzi que je suis Après des courtes séances d'entrevue intime J'ai gagné en assurance parce que j'ai vu la fin du mal Tu allais guérir, même assez bientôt En plus tu n'étais même pas contagieuse
6.
Insomnie 04:56
Des philanthropes aigus qui rient et qui conversent Des heures pendant la nuit, au creux de mon oreille flétrie Ont, par amour l'un pour l'autre, éteint mes rêves Fâcheux apôtres La beauté de leur peau n'a d'égale que l'ampleur de ma dalle Refrain: Rendez-moi mon sommeil X 4 On calcule les crampes qui parcourent leurs cerveaux À la quantité d'fer qui traverse leurs protubérances Comme un androïde qui sent venir le quatre-heures J'veux les manger La beauté de leurs os n'a d'égale que la brillance des métaux Refrain Toute la garde accumulée pendant des années Se volatilise sous le coup des pointes aiguisées Qui perce la toile élastique tendue entre les structures Mon sommeil chéri je l'entends dans un lointain tunnel Il me remémore qu'il existe un exutoire ultime Où cracher mon venin dans une zone aseptisée Refrain Maintenant je me rendors, et j'explore avec délice Les existences entières de civilisations avortées Je me rapproche un peu, toute les nuits, de la fin Du corridor La violence de l'attrait n'a d'égale que mon mal à la tête
7.
L'Oeuf 06:27
Matin étrange, je me suis réveillé Lendemain de veille bien arrosée À mes deux pieds, quelque chose me touche Un oeuf foncé de dragonneau Je suis coupé entre la surprise et L'idée que le temps est venu Le jour fatal je n'peux plus repousser C'est mon devoir, il m'est forcé Je suis heureux la plupart du temps Je vole à des kilomètres Au dessus de mon appartement Mais je sens la gravité m'appeler Vers la fin de mon envol Percer une coque aussi brûlante qu'étrange De quoi frémir de tous ses membres Pourtant je sais qu'au fond de ce destin Se cache la clé d'une porte immense C'est à ton tour, créature incendiaire De te dresser sur notre Terre Je me consume, emportant avec moi Mes draps, mon lit, mes oreillers Écrase, détruit, toute ce qui bouge Autour, à des kilomètres Pour toi, comme nous, c'est mérité Mais je sens la gravité t'appeler Vers la fin de ton envol
8.
Comète 04:38
N'est-ce pas fantastique, il n'y a pas si longtemps J'étais comme un moustique, à te téter le sang Une gorgée soporifique m'a fait glisser dans le néant Et comme par un tour magique, après un certain temps Je me suis réveillé sur une comète Bien trop émerveillé pour sentir la confusion D'être comme ça, transporté, sans logique ni raison Dans le ciel étoilé, comme un nocturne avion J'entrepris de scruter le lointain horizon Je fuse sur un bolide céleste Et je n'étais pas seul, à des kilomètres autour Je voyais les sales gueules de mes copains les vautours Qui filaient, eux aussi, sur de pareilles fusées Dans le firmament noirci, hors des zones oxygénées Et un vertige excitant parcourait mes poumons Je respirait, nez au vent, cet univers si bon Je surfe sur une boule de feu Comme une poignée de sable envoyée dans l'espace Ce vecteur immuable que dans mes bras j'enlace Me force à ne jamais détourner le regard De ce géant portrait qui se dessine dans le noir Toutes ces lumières fatiguées qui font chorégraphie Nous laissent muets, hallucinés, alertent nos esprits Je file sur un astre brûlant
9.
Sous le niveau de la mer, se cache une ville Ligne invisible délimite le début des rêves Vive la musique dans le fond de cette vallée Creux sous la terre, on dirait une oreille géante Comme étouffés par les eaux, les bruits sont brouillés Réalité s'en trouve complètement transformée Et main dans la main se promènent deux personnages Le pauvre petit garçon et le roi des gâteaux Assis dans la rue les citoyens mettent en scène Le théâtre de la misère pour les riches spectateurs Et moi, la-dedans, je sommeille tout seul Dans une Toyota bleue comme un mirage Dans la voiture, Stravinski joue pendant ma sieste Cocaïno-jazz dans les bars, joué par des enfants Sur Royal Street, j'ai croisé Cayouche qui fumait Dans la forêt aux lanternes jouait une fanfare Héroïno-folk dans la rue, joué par des banjos sales Rock de matante sur l'avenue du démon bourbon Et plus éloigné, quelqu'un qui chante en français Devant une boutique de mode et de bijoux faits main Cette femme sans abri déclare que le musicien Qui joue trop longtemps pour elle deviendra son mari Et moi, là-dedans, je sommeille tout seul Dans une Toyota bleue comme un mirage
10.
Je me suis couché sans faire de boucan Sur les coussins bruns du divan de mon salon Malgré la chaleur je me sens rafraîchi Dans ma tête une tranquille ivresse monte Les flics ont stoppé mon vélo Mon violon pendu après moi Je suis toujours si encombré Quand j'me balade dans Montréal C'est qu'une illusion carrément d'optique Qui me dirige et qui me dicte À travers l'usine de chocolat L'usine de Willie Wonka Qu'on essaye de m'enlever ma friandise Je t'éclate sans même y penser Je suis tellement fatigué de parler Je préfère dix-mille fois chanter Je préfère... À côté de moi un vieux bol de pâtes Le pesto est sec et colle à la porcelaine La semaine prochaine je ferai la vaisselle Mon évier est plein comme une femme enceinte Les pneus de mon vélo sont plats Je roule quand même avec tout l'temps Je me sens bien j'ai pas d'argent C'est sale chez moi et j'suis content Parmi les odeurs que mon nez perçoit Y'en a une que personne connaît C'est la senteur noire des silhouettes mobiles L'odeur du papier-peint vieilli Celui qui se laisse tomber lentement Que les mendiant viennent récolter Pour se fabriquer comme dans mon appart Une déco pour les flegmatiques

about

Funk torturé de l'espace

credits

released July 11, 2021

Paroles/musique: Yohann Francoz
Instruments: Yohann Francoz
Cornet dans Tempête: Blanche Moisan Méthé
Clarinette dans L'Oeuf: Isabelle Gaudreau
Violon et voix dans Comète: Laetitia Francoz Lévesque
Mixage: Mathieu Boudreau et Yohann Francoz
Mastering: Mathieu Boudreau
Pochette: Clara La Roche
Enregistré dans: Piaule et le Marsonic
Mixé et masterisé dans: Piaule à Mathieu
Mention spéciale pour la Gretsch à Manu
Merci à Louis toujours pour une partie de l'équipement audio
Merci aux circonstances qui font que je ne sois pas encore à la rue malgré que ces projets soient un gouffre à temps et argent
Merci aux voisins qui n'ont pas encore chiâlé malgré le boucan qui sort de ma chambre
Et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie, je ne suis qu'amour! Et finalement quand beaucoup de gens aujourd'hui me disent ''Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité?'' Eh ben j'leur réponds tout simplement, je leur dis qu'c'est ce goût de l'amour, ce goût donc qui m'a poussé aujourd'hui à entreprendre la création d'un album, mais demain, qui sait, peut-être simplement à en entreprendre un autre.

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Yohann Francoz Sherbrooke, Québec

Yohann est un grand amateur du Rond Pétocle

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